Vendre un bien issu d’une succession : un casse-tête que seuls les initiés comprennent (et supportent)
- Coralie Daven

- 23 oct.
- 2 min de lecture

S’il est un type de vente immobilière qui mobilise des compétences bien au-delà de la technique, c’est bien la vente d’un bien issu d’une succession.
Notaires, agents immobiliers… mais aussi héritiers eux-mêmes : tous ceux qui l’ont vécu savent que ce n’est pas une vente comme les autres.
Une vente, oui… mais avec un facteur humain décuplé
Quand plusieurs héritiers doivent vendre ensemble un bien immobilier reçu par succession, la complexité n’est pas dans les actes notariés ou les diagnostics techniques.
Non, la difficulté est bien ailleurs.
Ce que l’on observe (presque) systématiquement :
Des incompréhensions sur le fonctionnement de la succession, le rôle du notaire ou le processus de vente ;
Des intérêts divergents : l’un veut vendre vite, l’autre veut obtenir le meilleur prix, un troisième espère que la maison reste dans la famille… et personne ne s’écoute vraiment ;
Un désintérêt total de certains cohéritiers, qui ne répondent plus, ne viennent pas aux rendez-vous ou ne s’investissent pas (jusqu’à ce qu’il faille signer, et qu’ils posent 12 questions) ;
Des émotions envahissantes : souvenirs familiaux, tensions anciennes, ressentis personnels… la vente d’un bien familial réveille bien plus que des problématiques en droit ;
Des suspicions de tous ordres : “le notaire favorise mon frère”, “l’agent travaille pour le voisin”, “on m’a caché des choses”… ;
Des délais à rallonge, parce qu’il faut convaincre tout le monde, tout expliquer, et que le désaccord de l’un bloque toute la vente.
Ce que cela implique pour les professionnels
Ces ventes sont des métiers à part entière. Il faut, bien sûr, maîtriser les aspects techniques et juridiques, mais aussi :
Savoir faire preuve de pédagogie,
Avoir une bonne dose de patience,
Garder un calme olympien,
Et, parfois, faire preuve d’empathie mesurée mais ferme.
Les notaires deviennent psychologues. Les agents immobiliers deviennent médiateurs.
Et les héritiers… tentent de devenir copropriétaires éphémères sans s’étrangler.
Comment anticiper (un peu) ce chaos ?
Certes, il n’est pas toujours possible d’éviter les tensions.
Mais quelques bons réflexes peuvent atténuer les crispations :
Organiser une réunion d’information avec le notaire dès le début, pour poser les bases juridiques de la succession et de la vente.
Donner un mandat de vente clair à un seul interlocuteur, pour éviter que chaque héritier contacte l’agent ou le notaire de son côté.
Mettre noir sur blanc les objectifs communs (prix de vente souhaité, délai, etc.) dès que possible.
Prévoir un calendrier de signatures réaliste, tenant compte de l’éparpillement géographique et des agendas de chacun.
Et surtout : ne pas négliger l’humain. La succession, c’est une affaire de famille avant tout. Et chaque vente en est le reflet.
En conclusion
Si vous êtes concerné par la vente d’un bien reçu par succession, ne sous-estimez pas la dimension émotionnelle et relationnelle de l’opération.
Et si vous êtes professionnel de l’immobilier, rappelez-vous que ces ventes sont à la fois les plus éprouvantes… et les plus formatrices.
Parce qu’on y apprend à vendre un bien… mais surtout à gérer des êtres humains.



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